Un climat de favoritisme familial
Le ministre des Sports de la République démocratique du Congo, Kabulo Mwana Kabulo, se retrouve au cœur d’une polémique pour des soupçons de népotisme au sein de son cabinet ministériel. En effet, pas moins de trois de ses filles, trois de ses gendres et un neveu occupent des postes clefs auprès de lui, selon des révélations faites récemment dans la presse congolaise.
Cette affaire, qui indigne de nombreux observateurs de la vie politique en RDC, a éclaté suite à la publication sur Twitter de l’ordre de mission pour la délégation congolaise aux Jeux de la Francophonie 2023 à Kinshasa. On y voit apparaître les noms de deux filles du ministre, Flora et Tania Kabulo, désignées pour suivre respectivement les épreuves de basket-ball et de cyclisme, alors que des experts des fédérations concernées auraient pu assurer ce travail.
Mais il semble que le problème soit plus profond. En examinant la composition du cabinet du ministre Kabulo Mwana Kabulo, il apparaît clairement que les postes importants ont été attribués avant tout aux membres de sa famille. Examinons cela de plus près.
Une valse de nominations familiales
- Flora Kabulo, fille du ministre, occupe le poste de conseillère numérique et innovation. Diplômée en droit, elle travaille aux côtés de son mari Eric Kashila, tout juste nommé directeur de cabinet.
- Fanta Kabulo Mulaba, une autre fille de Kabulo Mwana Kabulo, est secrétaire particulière de son père. Son mari Didier Ngtoy Mulaba a quant à lui décroché le poste de conseiller financier du ministère.
- Tania Kabulo, troisième fille du ministre, est aussi sa secrétaire. Elle est épouse de Carlo Mukendi qui officie comme intendant.
- Le neveu Yves Kabulo Djamba est chauffeur au sein du cabinet ministériel.
Bref, la famille Kabulo est on ne peut mieux représentée dans l’organigramme du ministère des Sports ! Difficile dans ces conditions de ne pas soupçonner du favoritisme, voire carrément du népotisme.
Le népotisme, fléau des démocraties modernes
Mais au fait, qu’est-ce que le népotisme ? Derrière ce terme issu du latin « nepos » (neveu) se cache la pratique qui consiste à offrir des postes ou des faveurs à des membres de sa famille, sans considérer leurs compétences. Apparu à la Renaissance pour désigner le favoritisme des papes envers leurs neveux, le népotisme gangrène aujourd’hui encore de nombreux pays et institutions.
Un phénomène récurrent en Afrique
Le népotisme prospère surtout dans les pays où les contre-pouvoirs sont faibles, comme c’est souvent le cas en Afrique subsaharienne. Au sommet de l’État ou à la tête de grandes administrations, certains dirigeants n’hésitent pas à placer des parents et alliés à des postes clefs, au mépris de toute éthique.
Cette pratique sape les fondements mêmes de la méritocratie: les compétences importent moins que les liens du sang ou les relations personnelles. Résultat, l’efficacité et la qualité du service public s’en ressentent gravement.
Une dérive pas si rare dans les démocraties
Mais le népotisme n’épargne pas non plus les démocraties occidentales. La tentation est grande, pour un homme politique arrivé au pouvoir, de recruter dans son entourage proche, parfois plus par fidélité que pour leurs réelles aptitudes.
Aux Etats-Unis, le président Kennedy avait nommé son frère ministre de la Justice en 1961. Plus près de nous, en France, le Premier ministre Édouard Balladur avait fait entrer son fils dans son gouvernement en 1993.
Le ministre Kabulo dans l’œil du cyclone
Revenons à notre ministre des Sports congolais. La valse des nominations familiales au sein de son cabinet tombe on ne peut plus mal.
Un timing embarrassant
Ces révélations surviennent à quelques mois des élections législatives en RDC. Or Kabulo Mwana Kabulo est candidat député à Kinshasa sur la liste de l’UDPS, le parti présidentiel. Cette affaire jette une ombre sur sa probité et son sens de l’État, lui qui s’était justement fait connaître comme un pourfendeur de la mauvaise gouvernance.
La colère des observateurs
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes congolais expriment leur colère. Ils voient dans cette accumulation de postes pour ses proches la preuve flagrante que Kabulo Mwana Kabulo a trahi les valeurs d’intégrité qu’il défendait autrefois. Certains réclament même sa démission du gouvernement.
Une chose est sûre : le ministre des Sports traverse la pire tempête depuis sa nomination. Son avenir politique semble désormais bien compromis. À moins d’apporter des explications convaincantes sur le recrutement au sein de son équipe, il va devoir rendre des comptes. Car le népotisme gangrène la démocratie et sape la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Conclusion
Cette affaire nous rappelle combien le népotisme demeure un fléau tenace, y compris dans les sociétés démocratiques modernes. La vigilance et la fermeté sont nécessaires pour éviter qu’il ne prospère en toute impunité. L’exemple du ministre Kabulo Mwana Kabulo, hier chantre de la bonne gouvernance devenu aujourd’hui symbole d’un népotisme décomplexé, doit servir de leçon.