Élections en RD Congo 2023
Élections en RD Congo 2023: Les élections législatives de décembre 2023 en République démocratique du Congo (RDC) s’annoncent comme un test décisif pour le président Félix Tshisekedi et son parti UDPS. Leurs principaux alliés au sein de l’Union sacrée de la nation (USN), Jean-Pierre Bemba du MLC et Bahati Lukwebo de l’AFDC-A, alignent en effet plus de candidats et menacent de leur ravir la majorité parlementaire. La conquête des 500 sièges de députés nationaux nécessaires pour contrôler les institutions sera âprement disputée.
La puissance de frappe des alliés de Tshisekedi
L’AFDC-A de Bahati présente le plus grand nombre de candidats avec 479 postulants, juste devant le MLC de Bemba qui en compte 473. L’UDPS du président Tshisekedi ferme la marche avec « seulement » 459 candidats.
Ces chiffres publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne sont que provisoires, mais donnent une indication claire des rapports de force au sein de la majorité. Le parti de Tshisekedi, pourtant au pouvoir, ne semble pas en mesure d’imposer sa suprématie en nombre de candidats.
« Cette situation paradoxale démontre les limites du leadership de Tshisekedi au sein même de sa propre coalition », analyse Jean-Jacques Wondo, politologue congolais. « Ses alliés profitent habilement de leur poids politique pour maximiser leurs chances, au risque de fragiliser l’UDPS. »
La menace Bemba-Bahati plane sur l’UDPS
Tshisekedi avait pourtant réussi un coup de maître en ralliant à lui ces deux ténors de l’opposition, souvent rivaux, au sein de l’USN. Mais le prix à payer pourrait être lourd.

« Bemba et Bahati ont maintenant les moyens de leur ambition et rien ne dit qu’ils resteront dociles bien longtemps », met en garde le professeur Mbemba de l’Université de Kinshasa.
Leur objectif commun est clair : obtenir une majorité parlementaire pour peser sur le pouvoir et les institutions. Et ils sont en bonne posture pour y parvenir aux dépens de l’UDPS.
L’UDPS forcé de partager le pouvoir ou de s’allier à Kabila
Privé d’une majorité absolue, Tshisekedi serait contraint à des accommodements avec le camp Bemba-Bahati. « Cela signifierait un partage du pouvoir plus équilibré au sein de l’USN et une influence amoindrie de l’UDPS sur les décisions », analyse l’expert électoral Michel Liomba.
L’autre option serait un rapprochement avec son prédécesseur Joseph Kabila et le FCC, ce qui serait perçu comme une trahison par ses partisans.
« Le président se retrouverait dans une position très délicate. Il lui faudra naviguer habilement entre Charybde et Scylla pour ne pas se faire dévorer », résume Liomba.
3 questions clés pour le scrutin de décembre
- L’UDPS parviendra-t-il à combler son retard en nombre de candidats d’ici le scrutin ?
- Bemba et Bahati réussiront-ils à maintenir leur union face à Tshisekedi ?
- Quelle alliance se dessinera au parlement entre ces forces en présence ?
Conclusion
Ces élections législatives congolaises concentreront toutes les convoitises et tensions au sein même du camp présidentiel. Elles révéleront les véritables rapports de force et détermineront les équilibres futurs entre le président Tshisekedi et ses ambitieux alliés. L’UDPS risque fort de perdre sa position dominante acquise à la faveur de l’élection présidentielle de 2019. La bataille s’annonce sans pitié.