Qui est Daniel Lusadusu Kiambi ?
Le président Félix Tshisekedi a nommé le 1er août 2023 le médecin-colonel Daniel Lusadusu Kiambi comme Administrateur général de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), en remplacement de Jean-Hervé Mbelu. Mais qui est ce nouveau patron de l’ANR, l’un des services de sécurité les plus redoutés et les plus controversés du pays ?
Voici quelques éléments de réponse :
- Daniel Lusadusu Kiambi est né le 16 octobre 1958 à Kinshasa.
- Il est médecin de formation, spécialisé en cardiologie et en médecine d’urgence. Il a obtenu son diplôme de médecine à l’Université de Kinshasa en 1984, puis il a poursuivi ses études en Belgique, où il a décroché plusieurs diplômes, dont celui de Médecine Tropicale à l’Institut Prince Léopold à Anvers et à l’Ecole Royale de Service Médical, ERSM, à Gand. Il est également détenteur du diplôme de Cardiologie en 1999, du Diplôme d’Etudes Spécialisées en Médecine aiguë en 2000 et du Diplôme de Formation Ressuscitation Cardio-Pulmonaire (RCP) avancée en 2002 en qualité de Formateur (ULB).
- Il a également suivi une formation militaire à l’École Royale Militaire (ERM) en Belgique, où il a obtenu le grade de lieutenant-colonel. Il a servi au sein des Forces armées zaïroises (FAZ) et a travaillé au sein de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), la garde rapprochée du président Mobutu Sese Seko. Il a notamment été médecin responsable du Centre d’Instruction Kibomango où il a suivi l’entrainement parachutiste à la 31ème Brigade au Centre d’Entraînement des Troupes Aéroportées (CETA), puis médecin au Centre Médico-Chirurgical Tshatshi dont il a été Commandant Second puis Commandant et Conseiller Médical de la DSP.
- Il a quitté le pays en 1997, après la chute du régime Mobutu, et s’est installé en Belgique, où il a exercé comme médecin-cardiologue au Centre hospitalier universitaire Saint-Pierre à Bruxelles. Il a également été le Délégué des ex-FAZ en exil et le conseiller militaire d’Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président et fondateur de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti au pouvoir.
- Il est proche du président Félix Tshisekedi, qu’il a accompagné lors de sa visite officielle en Israël en février 2020. Il est particulièrement bien introduit dans ce pays, où il possède de sérieux relais au sein des services secrets dont le Mossad. Il est également en contact avec les autorités américaines, notamment avec la CIA.
Quels sont les défis qui l’attendent à la tête de l’ANR ?

L’ANR est un service stratégique qui a pour mission principale la recherche, la centralisation, l’interprétation, l’exploitation et la diffusion des renseignements politiques, diplomatiques, stratégiques, économiques, sociaux, culturels, scientifiques et autres intéressant la sûreté intérieure et extérieure de l’État.
L’ANR est aussi chargée de la recherche et la constatation des infractions contre la sûreté de l’État, de la surveillance des personnes ou groupes de personnes nationaux ou étrangers suspectés d’exercer une activité de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État, de la protection de l’environnement politique garantissant l’expression normale des libertés publiques, conformément aux lois et règlements.
L’ANR dispose d’un budget annuel estimé à plus de 100 millions de dollars américains et compte environ 10 000 agents répartis sur tout le territoire national.
Le nouveau patron de l’ANR devra faire face à plusieurs défis :
- Professionnaliser le fonctionnement de l’ANR, qui souffre d’un manque de formation, de moyens techniques et de coordination entre ses différentes directions.
- Moderniser l’ANR, qui doit s’adapter aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, aux nouvelles menaces sécuritaires et aux nouvelles exigences du renseignement.
- Humaniser l’ANR, qui est souvent accusée de violations des droits de l’homme, d’arrestations arbitraires, de détentions illégales, de tortures et d’exécutions sommaires. L’ANR doit respecter la loi, le droit international et les principes démocratiques.
- Rétablir la confiance entre l’ANR et les autres services de sécurité, notamment la Police nationale congolaise (PNC), les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Direction générale des migrations (DGM), qui sont souvent en conflit ou en concurrence pour le contrôle des renseignements et des ressources.
- Renforcer la coopération entre l’ANR et les services de renseignement étrangers, notamment ceux des pays voisins, des pays partenaires et des organisations régionales et internationales.
Quelles sont les attentes de la population vis-à-vis du nouveau patron de l’ANR ?

La population congolaise attend beaucoup du nouveau patron de l’ANR, qui doit être à la hauteur de sa mission et de sa responsabilité.
La population attend que l’ANR :
- Contribue à la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité du pays, qui est confronté à plusieurs défis, notamment les groupes armés dans l’est, les milices dans le centre, les tensions politiques dans l’ouest et les ingérences étrangères dans le nord.
- Protège les intérêts nationaux, notamment les richesses naturelles, le patrimoine culturel, la souveraineté territoriale et l’intégrité nationale.
- Respecte les droits et les libertés des citoyens, notamment le droit à la vie, à la dignité, à la justice, à l’expression, à l’information, à l’association et à la participation politique.
- Soutienne le processus démocratique, notamment le dialogue politique, le respect de la Constitution, le renforcement des institutions, la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance.
- Accompagne le développement économique et social du pays, notamment en favorisant un climat propice aux investissements, à l’entrepreneuriat, à l’innovation, à l’éducation, à la santé et à l’environnement.
Nous espérons que le médecin-colonel Daniel Lusadusu Kiambi saura relever ces défis et répondre à ces attentes. Nous lui souhaitons plein succès dans ses nouvelles fonctions.
Le Votre Simon Kimbangu