Un pays, deux monnaies
Le Congo Kinshasa, officiellement appelé la République démocratique du Congo (RDC), est un pays d’Afrique centrale qui compte plus de 80 millions d’habitants. Il est le deuxième plus grand pays d’Afrique par sa superficie et le quatrième plus peuplé.
La monnaie officielle du Congo Kinshasa est le franc congolais (CDF), qui a été introduit en 1997 pour remplacer le nouveau zaïre (NZ), qui avait lui-même remplacé l’ancien zaïre (Z) en 1993. Le franc congolais est divisé en 100 centimes.
Mais le franc congolais n’est pas la seule monnaie utilisée au Congo Kinshasa. En effet, le dollar américain (USD) circule également dans le pays, notamment dans les grandes villes, les zones frontalières et les secteurs économiques clés comme les mines, le pétrole et le commerce.
Le dollar américain est souvent préféré au franc congolais pour plusieurs raisons :
- Il offre une meilleure stabilité et une meilleure valeur face à l’inflation et à la dépréciation du franc congolais.
- Il facilite les transactions internationales et les transferts de fonds.
- Il permet de stocker l’épargne et de se protéger contre les risques financiers.
- Il bénéficie d’une plus grande acceptation et d’une plus grande confiance de la part des agents économiques.
Un système complexe et coûteux
L’utilisation simultanée du franc congolais et du dollar américain crée un système monétaire complexe et coûteux pour le Congo Kinshasa. En effet, il implique :
- Une double comptabilité et une double affichage des prix, qui peuvent varier selon le taux de change du jour.
- Une difficulté à assurer la convertibilité entre les deux monnaies, qui peut entraîner des frais supplémentaires ou des pertes de change.
- Une pénurie de liquidités, notamment de petites coupures de dollars, qui peut limiter les transactions ou favoriser le recours à des monnaies alternatives comme les cartes téléphoniques ou les produits alimentaires.
- Une perte de souveraineté monétaire pour l’État congolais, qui ne contrôle pas l’émission du dollar américain et qui voit sa politique monétaire influencée par celle des États-Unis.
- Une fragilisation du système bancaire congolais, qui doit faire face à une faible bancarisation de la population, à une forte demande de dollars et à une concurrence déloyale des bureaux de change informels.
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Un défi pour l’avenir
Face à ce système monétaire dual, le gouvernement congolais a affiché sa volonté de promouvoir l’utilisation exclusive du franc congolais dans le pays. Pour cela, il a pris plusieurs mesures, telles que :
- La création d’une commission nationale chargée d’étudier les modalités d’une dédollarisation progressive.
- La mise en place d’un cadre légal et réglementaire visant à encadrer l’utilisation du dollar américain dans certaines transactions.
- La réduction du déficit budgétaire et la maîtrise de l’inflation pour renforcer la crédibilité du franc congolais.
- La modernisation du système de paiement électronique pour faciliter l’accès aux services financiers.
Mais ces mesures se heurtent à plusieurs obstacles, tels que :
- La résistance des agents économiques, qui craignent une perte de pouvoir d’achat ou une instabilité monétaire.
- La dépendance du pays vis-à-vis des exportations minières, qui sont libellées en dollars et qui représentent une source importante de devises étrangères.
- La faiblesse des institutions monétaires et financières, qui manquent de capacité technique et opérationnelle pour assurer la supervision et la régulation du marché des changes.
- La persistance des conflits armés et de l’insécurité dans certaines régions du pays, qui empêchent le déploiement des services financiers et favorisent l’économie informelle.
Le Congo Kinshasa est donc confronté à un défi de taille pour réformer son système monétaire et assurer son développement économique et social. Il devra trouver un équilibre entre la nécessité de préserver la stabilité financière et la souveraineté nationale, tout en tenant compte des réalités du terrain et des besoins de la population.
Sources :